Nous partons à pied de l'hôtel avec juste notre argent, notre adresse de l'hôtel, notre bouquin sur le Vietnam et nos parapluies; pour ce premier jour, il s'agit de découvrir la ville à notre rythme autour du lac Hoan Kiem; d'abord le quartier commerçant au nord du lac, puis le temple de la Montagne de jade sur une île du lac, la cathédrale Saint Joseph dont l'extérieur fait peine à voir mais dont l'intérieur est très beau et le quartier à l'est du lac où on trouve de nombreux bâtiments de l'époque coloniale, dont la poste - qui est toujours la poste -l'opéra, l'ancienne résidence du gouverneur... Ces beaux bâtiments, construits au début du vingtième siècle, sont repeints de frais et occupés par l'administration et le parti. Des maisons de l'époque coloniale subsistent également mais sont pour la plupart délabrées.
Aussi, du fait de ces traces de notre passage dans ce pays, nous nous sentons un peu chez nous, mais lorsque nous voyons cette jeunesse nombreuse et dynamique qui nous a complètement oubliés, nous sentons que cette colonisation n'était qu'un épiphénomène de leur histoire. La conversation que nous avons eu avec un étudiant en pharmacie de 20 ans est édifiante à ce sujet; en effet, dès que nous sommes assis sur un muret le long de la promenade autour du lac, ce jeune homme engage la conversation dans le but de parler anglais; il est ahuri quand je lui dis que nous allons à Dien-Bien-Phu et à Dalat et pourquoi; oui, il connaît Giap - mort en 2013 à 102 ans - mais il me demande de lui expliquer ce qui s'est passé à Dien-Bien-Phu... Il n'en veut pas aux soldats français, puis américains qui "obéissaient aux ordres de leur gouvernement..."
Nous rentrons en taxi car il pleut à verses.